Six élèves bruxellois défient l’Europe et le ciel des Açores avec leur fusée miniature

Ce vendredi vers 13 heures (heure belge), sur les îles des Açores, Antoine, Jean-Christophe, Dominic, Daniel, Camille et Johanne, participent à la compétition européenne “Cansat” organisée par l’Agence spatiale européenne (Esa).

Après avoir gagné l’épreuve au niveau belge, ces six élèves de quatrième et cinquième secondaires du collège Saint-Michel de Bruxelles ont rejoint l’Atlantique avec dans leurs besaces un parachute en nylon de quelques dizaines de centimètres carrés et une étrange cannette confectionnée dans les ateliers du collège grâce à une imprimante 3D.

L’objectif du concours, racontent à tour de rôle ces six élèves qui forment l’équipe “DsanG” (nom qui fait référence au débit sanguin face à l’accélération), sera de lancer cette cannette à plus d’un kilomètre de haut grâce à un lanceur de fusées. Lors de son vol, nous devrons réaliser une série d’expériences scientifiques. Des expériences que toutes les équipes devront réaliser, comme calculer la température de l’air, mais aussi une expérience que nous avons choisie nous-mêmes : mesurer la variation de la pression sanguine d’un être humain, en fonction de l’accélération qu’il subit.

Une véritable fusée

Pour ce faire, les six coéquipiers ont transformé leur cannette en véritable fusée miniature. “On y a installé une petite pompe qui mime le cœur, deux tubes remplis de liquide en guise de circuits sanguins qui sont reliés à deux capteurs de pression. Nous avons aussi installé un GPS, un accéléromètre, un lecteur de carte SD pour sauvegarder nos données, un micro-ordinateur, des circuits électroniques imprimés que nous avons dessinés, une pile de 9 volts et son transformateur, un module qui fait office de wifi et nous permet de nous envoyer les données à plus de trois kilomètres de distance. De la sorte, nous pourrons voir en direct les données du vol sur notre ordinateur et notre smartphone – nous avons créé une application pour l’occasion.

Le travail réalisé est bluffant. Les six élèves, qui se sont réparti les rôles (de la communication au codage informatique, en passant par la confection du parachute), ont redoublé d’ingéniosité pour ne pas dépasser les 500 euros de budget reçus pour l’occasion, et faire entrer leur matériel dans ce qui devait ressembler à une cannette de coca et respecter un certain poids.

(Premier lancé à Elsenborn pour le concours belge en avril)

Répondre à la curiosité des élèves

Je suis le premier à être impressionné, se réjouit Nicolas Henry de Generet, le prof de sciences de cette bande d’inventeurs. Franchement, le travail qu’ils ont réalisé est d’un niveau universitaire.

S’ils ont pu le mener à bien, c’est aussi parce que ces élèves font partie de la “cellule scientifique” qu’ont mise en place les différents enseignants de sciences du collège, et qui permet aux jeunes de travailler sur des projets en dehors des cours, sur le temps de midi notamment. “L’objectif est de permettre à des élèves de toutes les années de travailler ensemble, explique Isabelle Lievyns, enseignante de sciences également. Les élèves, avec cette cellule, se lancent dans des projets, profitent des outils que nous avons dans nos locaux, et réalisent de multiples expériences. Nous les encadrons et nous découvrons avec eux.

C’est du win-win, ajoute Nicolas Henry de Generet. On découvre autant que les jeunes lors de certains projets. Cela fait évoluer le climat d’école, et favorise une nouvelle relation entre les enseignants et les élèves.

L’objectif de cette cellule scientifique est multiple, expliquent les enseignants. Elle vise à casser les classes d’âge en favorisant les contacts entre élèves de différentes années, elle bouleverse les habitudes scolaires avec l’aspect ludique des expériences et elle bouscule les disciplines : le prof de géo ou de mathématiques vient aussi éclairer une expérience de ses connaissances.

Les élèves s’ennuient plus vite qu’auparavant à l’école. On observe une nette et rapide évolution en ce sens, expliquent les deux enseignants. Sans doute est-ce parce qu’ils sont sujets à beaucoup de tentations et de sollicitations dans leur vie, et que l’école est devenue le dernier lieu où ils sont cadrés à ce point. Nous devons accompagner ce changement en leur enseignant les bases disciplinaires, en les aiguillant, mais en leur offrant aussi des moments et des espaces pour exercer leur créativité. Nous devons en effet redonner envie aux élèves de venir à l’école et pour cela nous devons leur offrir à manger, nous devons répondre à leur curiosité.

L’épopée CanSat est directement le fruit de la “cellule scientifique” du collège. Ce vendredi, à l’heure du concours, on verra jusqu’où elle aura mené l’équipe des six Belges. A les écouter et les voir déployer leurs outils, tout semble prêt pour affronter le ciel des Açores.

Ce vendredi vers 13 heures (heure belge) sur LaLibre.be, retrouvez en direct le vol de la cannette de l’équipe DsanG.